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18 avril 2017 2 18 /04 /avril /2017 13:04
© S. Fenoulière

© S. Fenoulière

Lavis représentant le Gustav Holm, à gauche, et le Pourquoi-pas ?, à droite, à Rosenving.

Seconde croisière au Groenland, août 1926. (Reproduit au catalogue de l’hommage national à Charcot et à son équipage, 1986). N° 210.

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Le prélèvement de fossiles à la terre de Jameson n’était pas le seul but de la campagne car Charcot écrit : « Je voyais… un intérêt considérable, ne fût-ce que pour la réputation de notre pays, à ce que le premier bateau étranger venant de visiter le premier essai de colonisation sur la côte orientale soit un navire français. »

En demandant l’autorisation au gouvernement danois de nous rendre à la Terre de Jameson, je « fus avisé que « le « Gustav Holm », se rendrait au Scoresby Sund pour ravitailler ou secourir la colonie, nous convînmes d'agir d'accord. Ayant offert au gouvernement norvégien de venir en aide aux météorologistes de Jan-Mayen, je me chargeai pour eux de dix caisses de vivres et de matériel.

Je n'hésitai pas à entreprendre cette croisière, bien que je me trouvasse handicapé par la stricte limite à six semaines qui lui était assignée, alors que je devais envisager la possibilité d'un séjour forcé d'une ou plusieurs…années.

Le « Pourquoi-Pas ? » appareilla de Cherbourg le 17 juillet [1926] et fit escale à Stornoway, dans les Hébrides…

Vingt-quatre heures après, nous arrivions à Thorsavn dont la rade est maintenant protégée par une digue ; ce travail est d'autant plus remarquable qu'il fut accompli avec des moyens précaires. Nous y avons embarqué le capitaine Elnar Mikkelsen qui nous attendait impatiemment. Son secrétaire, l'étudiant Ebbe Münck, nous accompagnait depuis Cherbourg ; vigoureux, plein d'entrain et de gaîté, il avait en peu de jours conquis la sympathie de l'équipage et de l’Etat-Major, il en fut de même pour Mikkelsen. Au Fuglefjord, nous fîmes notre plein d'eau. Poussés par un bon vent, la traversée sous voiles et vapeur, parfois même avec la voilure seule, s'effectua à 9 nœuds de vitesse jusqu'à Jan-Mayen.

En cours de route nous entrâmes en communication radiotélégraphique avec le «Gustav Holm». Ce contact ne devait cesser qu'au retour des deux bateaux en Islande. Ce navire nous apprit que, contrarié par le temps, il devait charbonner à Seydisfjord sur la côte Est d'Islande. Cette obligation entraînait un grand retard. Or, il m'avait semblé qu'on nourrissait, au Danemark, le grand désir de voir ce navire arriver le premier à destination.

Il m'eût été facile, avec ma machine plus puissante et une voilure plus efficace, de devancer le «Gustav Holm » ; par une courtoisie toute naturelle je préférai m'en abstenir et régler notre travail en conséquence. Mikkelsen, au contraire, impatient de voir ce qui était advenu de sa colonie, me pressait ; je cherchai amicalement à calmer son ardeur ; je lui fis comprendre qu'une mauvaise nouvelle est toujours trop vite apprise ; par contre, si, comme nous l'espérions, tout avait bien marché, il valait mieux que le succès fût d'abord constaté par un autre que lui-même. Il me remercia plus tard de ma décision. » J. B. Charcot.

Le Capitaine Mikkelsen avait été chargé par le gouvernement danois de diriger la réimplantation d’Esquimaux à Rosenving. Le Pourquoi-pas ? y jetait l’ancre neuf heures après le Gustav Holm.

 

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